BRÉSIL - Le pays

BRÉSIL - Le pays
BRÉSIL - Le pays

Le Brésil, qui nulle part n’atteint les Andes, est massif et comprend essentiellement le grand bassin de l’Amazone et de ses affluents, bordé au nord par les hauteurs des Guyanes et au sud par un immense ensemble montagneux, le plateau brésilien ou plateau Mato Grosso. En bordure de l’océan, il est ourlé, sur la plus grande partie de ses côtes, par une barrière montagneuse qui va du sud de l’État de Bahia à Pôrto Alegre et prend dans sa partie méridionale le nom de serra do Mar. Le climat est extrêmement varié; l’équateur traverse les plaines de l’Amazone: royaume de la chaleur humide enseveli sous la forêt vierge, un désert humain. Mais l’étendue en latitude est telle qu’on arrive, par une série de transitions, jusqu’au climat tempéré qui règne dans les États du Sud. Pourtant, la disposition du relief et certaines anomalies climatiques – comme les sécheresses du Nord-Est – créent des milieux régionaux originaux. L’ensemble de ces caractères physiques permet de distinguer quelques grandes régions: le Nord ou Amazonie, le Nord-Est, le Centre-Est, le Centre-Ouest, le Sud-Est et le Sud.

1. Diversité physique et humaine

Le climat, sauf dans les régions tempérées, n’est pas partout également favorable à un développement normal et au travail des Blancs, et cela explique en partie le peuplement très divers. La population est passée de 4 millions en 1808 à 17 300 000 en 1900; elle dépasse actuellement 155 millions et s’accroît à un rythme très rapide, en raison d’une natalité qui reste forte (27 p. 1 000) et d’une mortalité qui a beaucoup baissé (8 p. 1 000). Le Brésil s’est comporté comme un extraordinaire creuset racial. L’absence de toute distinction entre les races et l’abondance du métissage rendent très hasardeuses les évaluations des différents groupes; cependant, on estime généralement qu’il y a environ 50 p. 100 de Blancs formant l’aristocratie terrienne, le groupe des fonctionnaires et des professions libérales, et les colonies agricoles modernes du Sud; les Noirs, particulièrement nombreux au Brésil, représentent 10 p. 100 et travaillent surtout dans les régions agricoles du Nord-Est; les Indiens purs ne doivent plus guère être que 2 p. 100 car, déjà peu nombreux à l’origine, ils ont disparu par extinction ou par métissage; une très grande partie de la population est constituée par des sang-mêlé: mulâtres qui seraient deux fois plus nombreux que les métis, zambos (métis de Noir et d’Indienne); ces sang-mêlé forment la masse rurale des «cabocles» (caboclos ) et la plus grande partie des populations urbaines du Nord-Est. L’accroissement naturel a été renforcé par de nombreux courants de migration: aux Portugais du temps de la conquête et aux Noirs importés comme esclaves se sont ajoutés environ 5 millions de personnes venues depuis l’indépendance. Le courant d’immigration, réduit pendant la première partie du XIXe siècle jusqu’à l’abolition de l’esclavage (1888), a pris ensuite un brusque essor et a été limité à partir de 1934 par une loi des quota, renforcée en 1937, destinée à lutter contre les effets de la crise et à paralyser l’infiltration japonaise; les restrictions n’ont jamais visé l’immigration portugaise. Actuellement encore, un certain courant existe, venu surtout des pays méditerranéens européens. Mais les densités de peuplement restent faibles (18 hab./km2) et surtout très irrégulières: on ne compte qu’un habitant pour 2 km2 dans l’Amazonie, alors qu’il y en a 280 dans l’État de Rio de Janeiro et 100 dans celui de São Paulo pour 1 km2.

L’inégalité de la répartition des hommes reflète la variété des milieux physiques, mais aussi les différences dans le développement économique, explicables par les grandes distances. Le Brésil est encore un demi-continent sous-peuplé. La pénétration et la mise en valeur, nées des initiatives de la colonisation, se sont développées à partir des côtes, mais l’occupation de l’intérieur est encore très limitée. Pourtant c’est une des principales préoccupations du gouvernement brésilien. De cette évolution, on peut retenir comme symboliques les changements successifs de capitale: Bahia fut la première, de 1549 jusqu’en 1763, année où Rio de Janeiro prit le relais, pour être à son tour détrônée en 1960 par Brasília, première capitale située dans l’intérieur. L’urbanisation se poursuit à vive allure, puisque la population urbaine est passée de 31 p. 100 en 1940 à 69 p. 100 en 1990, ce qui signifie, en raison de la croissance démographique, 13 millions d’urbains en 1940 et 107 millions en 1990. Cet afflux crée des problèmes inextricables de logements – les bidonvilles (favelas ) se multiplient un peu partout, les spéculations sur le prix du sol vont bon train –, de communications, de transports, d’emplois, mais il a permis une scolarisation beaucoup plus active et a favorisé la croissance industrielle dans les grandes métropoles du Sud, où le niveau de développement était suffisant pour pouvoir attirer ou même absorber – comme à São Paulo, Belo Horizonte, ou même Rio – de nouveaux travailleurs.

2. Le développement économique

Le pays, en pleine transformation économique, se trouve dans une situation paradoxale: cinquième puissance mondiale par son étendue et sixième par sa population, il a la plus forte dette extérieure du monde (120 milliards de dollars) mais les capitaux de ses nationaux placés à l’étranger atteignent la moitié de la valeur de cette dette. Le P.N.B. par habitant en dollar (2 050 en 1988) dépasse celui de l’Argentine. L’agriculture a fait de grands progrès mais elle est encore gênée par l’extension des latifundia très mal exploités. 40 000 propriétaires détiennent encore la moitié des terres. Les gouvernements successifs ont toujours reculé devant une véritable et pourtant indispensable réforme agraire. Pourtant, excepté le café dont la production est stationnaire en raison des difficultés d’écoulement sur le marché mondial, tous les autres secteurs sont en progrès; le Brésil occupe le deuxième rang mondial pour le soja, le premier pour les agrumes, le deuxième pour le cacao et le troupeau bovin. Les cultures destinées à l’industrie ou à l’exportation ont été favorisées au détriment des cultures vivrières. L’extension de la canne à sucre est liée à la production d’alcool prévue dans le cadre d’un plan alcool lancé en 1979 afin de diminuer les importations de pétrole pour la circulation automobile. Mais les progrès les plus impressionnants ont été réalisés dans l’industrie, qui fournit plus du tiers du produit intérieur brut et 73 p. 100 des exportations (acier, automobile, avions, armes, etc.) et assure à l’économie brésilienne le neuvième rang mondial. Un tiers des capitaux investis sont d’origine étrangère. Les industries traditionnelles sont stagnantes ou en régression (alimentaire, textile) tandis que les industries modernes se développent rapidement (construction mécanique, matériel électrique, chimie-pharmacie, etc.). Pour obtenir l’énergie nécessaire, le Brésil s’est lancé dans la construction de grands barrages et a intensifié la prospection de ses ressources pétrolières (68 p. 100 de la production viennent des gisements sous-marins). Le plus beau succès est peut-être l’implantation d’une industrie automobile qui fait de ce pays le premier producteur d’automobiles du Tiers Monde et de l’usine Volkswagen la plus grande entreprise privée du Brésil. Les principaux partenaires commerciaux sont les États-Unis, l’Allemagne, le Japon. Deux difficultés pèsent sur les perspectives économiques: le problème de la dette extérieure et l’inflation.

3. Le Nord, une région inhospitalière

Le Nord est la région la plus vaste et la plus inhospitalière de tout le Brésil. Il représente 42,05 p. 100 du pays et ne renferme que 6,9 p. 100 de la population. Il s’inscrit à l’intérieur de la vaste région de l’Amazonie. Il s’adosse, au nord, au plateau des Guyanes, fragment de la masse la plus ancienne du continent sud-américain. C’est un vaste ensemble, allongé sur 1 500 km, depuis la vallée de l’Orénoque à l’ouest jusqu’au territoire brésilien de l’Amapá à l’est. Il constitue la ligne de partage des eaux entre l’Orénoque et l’Atlantique au nord et le bassin de l’Amazone au sud; les frontières suivent les points les plus élevés entre le Venezuela et les Guyanes d’une part et le Brésil de l’autre; le sommet culminant, le mont Roraima (2 810 m), est situé au point de rencontre des frontières entre trois pays (Venezuela, Guyana et Brésil). Ce morceau du vieux socle rattaché à l’ancienne masse des terres du continent de Gondwana, constitué surtout de gneiss et de granite, troué dans la partie méridionale de dykes de basalte et recouvert de coulées de lave qui forment des mesas tabulaires, est découpé en collines s’abaissant de 1 000 m à 350-500 m avant de se fondre dans la plaine amazonienne. La dense végétation de la forêt vierge, sous ce climat humide et chaud, ensevelit d’un manteau égal l’ensemble du relief et rend difficile l’exploitation des ressources minières découvertes (minerai de fer, manganèse de l’Amapá; minerai d’étain de Rondônia, pétrole, gaz, potasse, bauxite; fer, cuivre, or, nickel du Carajás, sur lesquels le gouvernement fonde de grands espoirs). Le Brésil a déclenché, à partir de 1968, l’opération «Amazone» pour essayer de vaincre l’hostilité du milieu naturel et favoriser le développement. On a d’abord créé des lots de colonisation agraire, mais depuis 1974 l’accent est mis sur des pôles agropastoraux et agrominiers dont les activités sont destinées principalement à l’exportation et sont contrôlées par des puissants groupes financiers brésiliens et surtout multinationaux. Pour les favoriser, le gouvernement a financé de gigantesques infrastructures dont la Transamazonienne. Les défrichements ont été considérables. La population a augmenté de plus de 60 p. 100 entre 1970 et 1980, et dépasse 10 millions d’habitants, dont un quart dans les deux grandes villes de la région: Belém et Manaus, dotée d’une zone franche qui continue à se développer.

Le Nord moyen

Cette région intermédiaire bien individualisée, vaste à peu près comme la France, coïncide sensiblement avec le bassin sédimentaire du rio Parnaíba. C’est un golfe de plaines limité à l’est par des crêtes de cuestas typiques, formées par les couches redressées, qui dominent (600 m) la vallée du Piauí; il est séparé à l’ouest du bassin de l’Amazone par des plateaux de grès horizontaux, les chapadas (400 m); dans l’intérieur, des tabuleiros , plateaux de sédiments horizontaux, couronnés de croûtes ferrugineuses, sont découpés de vallées, tandis qu’à l’approche de l’Océan les plaines s’abaissent à l’ouest, pénétrées par de profonds estuaires, paysage aquatique enseveli sous la mangrove et se découpant vers l’est en flèches littorales sableuses, en cordons littoraux entre lesquels s’insinue le débouché du Parnaíba. C’est une zone de transition climatique entre l’Amazonie ruisselante d’eau et le Nord-Est semi-aride: les plaines septentrionales sont chaudes et humides, couvertes par une forêt de type amazonien, tandis que, vers l’intérieur, si les températures restent élevées, les pluies diminuent; une saison sèche apparaît de juin à octobre, et l’on passe à une végétation de forêt claire, la caatinga , au sud-est du rio Parnaíba; le régime hydrographique change, les cours d’eau étant pérennes et temporaires à l’est. Cette zone climatique où les températures moyennes oscillent autour de 25 0C, avec des amplitudes annuelles de l’ordre de 1 à 3 0C, s’assèche progressivement vers le sud-est qui laisse présager l’aridité du sertão ; les précipitations passent de plus de 1,20 m au nord-ouest à moins de 500 mm au sud-est.

Un peu plus peuplé que le Nord brésilien, le bassin du Parnaíba ne compte pourtant que 13 millions d’habitants, soit une densité de 19 hab./km2, dont plus de la moitié de ruraux. Plus de la moitié des habitants vivent dans les plaines du Nord.

Le rôle des fleuves

La répartition des hommes reflète encore l’influence des fleuves, qui longtemps ont été les seules grandes voies d’accès. Les cités sont nées soit aux points de confluence comme Floriano, qui a encore vu son rôle de centre régional renforcé par la création de routes, soit aux points extrêmes atteints par la navigation comme Colinas, Balsas. Les fermes de culture sont dispersées sur les rives; quant aux maisons d’éleveurs, on les trouve n’importe où, mais elles sont rares. Les villes principales sont: São Luis (450 000 hab.), capitale de l’État de Maranhão, qui est un port et une ville industrielle où plus des deux tiers de la production régionale sont concentrés; Teresina, capitale commerciale et administrative du Piauí, qui joue également un rôle commercial; Parnaíba, petit centre économique. Les estuaires et les deltas côtiers sont peuplés de pêcheurs et de riziculteurs.

Vers l’ouest, un véritable front pionnier se déplace à partir des vallées, fondé sur le développement de la culture du riz. Cette région connaît un grand développement démographique, non seulement en raison de sa natalité élevée, mais parce qu’elle accueille des courants d’immigration périphérique, aussi bien des refoulés découragés du Nord amazonien que des affamés du Sud-Est aride.

Difficultés de la mise en valeur

C’est une région économique typiquement sous-développée: il n’y a pas de capitaux, l’organisation est faible et la rentabilité immédiate médiocre. Les conditions du travail rural sont misérables, et toutes les forces sont consacrées à produire ce qui est nécessaire à la survie; même les récoltes commercialisables ne profitent guère au paysan, qui les vend soit au négociant local soit au représentant d’une firme d’exportation qui stocke et transporte les produits et ouvre un crédit au cultivateur: le prix de la récolte est dépensé avant que celle-ci ne soit vendue; le paysan est toujours endetté et sa situation est sans espoir. Tel est le lot de la plupart des petits paysans de l’intérieur brésilien, et pas seulement du Nord-Est.

Les principales activités sont la cueillette de la noix de coco du palmier babaçu (87 p. 100 de la production brésilienne), dont on extrait l’amande expédiée vers Rio et São Paulo pour produire de l’huile, ainsi que la récolte de la cire du palmier carnauba. L’agriculture est encore souvent itinérante et se fait sur brûlis pendant un an, après quoi la terre est laissée au repos cinq ou six ans. Parmi les principales cultures vivrières, le manioc est utilisé pour l’élevage du bétail et la canne à sucre sert à la fabrication du sucre, de l’alcool local, la rapadura , et aussi à celle des carburants alcool pour les voitures; seuls les haricots et le mil sont cultivés pour la nourriture quotidienne; le riz et le coton, en quantité croissante, sont cultivés pour la vente. Dans l’intérieur, un élevage extensif de bovins fournit de la viande. Cette région vient au deuxième rang pour la pêche après celle de Rio (poisson séché, grosses crevettes). Sur la côte, on extrait 5 p. 100 du sel brésilien des marais salants. Il y a un peu d’industrie alimentaire et on travaille le coton à São Luís et Caxias.

Les transports sont cruellement insuffisants: navigation traditionnelle sur les fleuves et cabotage, deux voies ferrées d’utilité locale et de matériel vieilli et des routes que l’on développe mais qui coûtent cher et où la saison des pluies interdit souvent le trafic par camion. C’est un des obstacles principaux à la mise en valeur.

4. Le Nord-Est, une misère légendaire

Le Nord-Est, c’est l’«angle» du Brésil: la région la plus fameuse par ses anomalies climatiques, et dont la misère est légendaire. À l’ouest, elle s’étend jusqu’à la serra da Ibiapaba et, au sud, jusqu’à la basse vallée du São Francisco. La côte septentrionale, orientée de l’ouest-nord-ouest à l’est-sud-est, est rectiligne, bordée par des lignes de dunes et des cordons littoraux déviés vers l’ouest en raison des vents d’est; elle limite une plaine accidentée d’inselbergs, massifs cristallins isolés comme la serra de Baturité (1 050 m), et de tabuleiros, de 100 à 200 m; ceux-ci deviennent constants et dominent la zone côtière orientale, de direction nord-nord-est – sud-sud-ouest, où se multiplient les dunes, les cordons et les «récifs» littoraux, formés de bancs de coraux et de grès à ciment calcaire qui ont donné leur nom à la capitale régionale: Recife. L’intérieur s’élève par une série de gradins, dont les sommets aplanis sont entaillés par les vallées et qui sont, en général, constitués par des terrains cristallins très décomposés, comme le plateau de la Borborema (500 m), en arrière de Recife.

Anomalies climatiques

La côte orientale, dominée toute l’année par les masses d’air équatoriales auxquelles se mélangent en hiver des masses d’air froid venant du sud, mêlées aux alizés du sud-est, a un climat chaud et humide; elle reçoit 1 500 mm de pluie, surtout de février à juillet. L’intérieur offre, en revanche, un climat de plus en plus aride, qui par endroits s’étend jusqu’à la côte dans la zone septentrionale. Les pluies ne font pas complètement défaut, mais elles sont extrêmement irrégulières selon les années; elles tombent surtout en été et un peu en automne; l’hiver est complètement sec. Cette anomalie est le plus généralement attribuée à la présence de différentes masses d’air stagnantes et peu actives. C’est la zone la plus chaude de tout le Brésil; l’évaporation y est intense, renforcée par des vents secs et chauds qui soufflent très fort pendant la période de sécheresse; les températures sont élevées toute l’année. À Cabeceiras, à 200 km de la mer, il tombe 278 mm d’eau par an. Pourtant, dès qu’un relief se dresse, il est arrosé, surtout sur le versant tourné vers l’Océan.

Ressources

Les densités de l’occupation humaine et la nature des ressources varient profondément en fonction des conditions climatiques et se dégradent à mesure qu’on pénètre de la côte est vers l’intérieur. Le long des rivages, la pêche industrielle se développe sous l’impulsion de la Compagnie brésilienne de pêche et de conserves par le froid. Les marais salants situés dans le Rio Grande do Norte fournissent 60 p. 100 de la production brésilienne de sel. Des plantations de cocotiers de plusieurs centaines d’hectares produisent des noix pour la production d’huile. À peu de distance de la côte, c’est la zone de la Mata, une dense forêt partiellement défrichée dès les premiers temps de la colonisation pour y planter la canne à sucre: les conditions climatiques sont parfaites, avec des températures de 22 0C, mais, malgré des amendements récents, les sols sont souvent épuisés, et les méthodes sont peu modernes; la canne à sucre du Nord-Est est de plus en plus concurrencée par les grandes plantations du Sud. Le Nord-Est fournit cependant environ 30 p. 100 de la production nationale, surtout dans l’État de Pernambouc. Au-delà de la zone de la Mata, c’est l’agreste où la polyculture, qui approvisionne les villes du littoral, doit déjà rechercher les creux favorisés par l’humidité: on produit du mil, des haricots, du tabac; encore un peu de canne à sucre pour faire de l’alcool, des fruits. Autour de ces îlots mieux exploités commence le domaine de l’élevage, qui est prépondérant et extensif, le sertão : pendant la période de sécheresse et malgré la multiplication de points d’eau, les conditions sont très précaires. On cultive des plantes textiles comme l’agave ou le sisal et, dans la région septentrionale voisine de la côte, les plantations de coton se sont développées dans le Ceará, en arrière de Fortaleza.

Dans ce sertão aride, la vie est dure, c’est une des régions les plus misérables du Brésil. À la fin de chacune des périodes de sécheresse annuelle, des hommes quittent la terre et se réfugient dans les villes côtières; en cas de sécheresse exceptionnelle, les départs se font à un rythme accéléré. Le mécontentement se manifeste activement et des ligues paysannes se sont constituées dès 1955 avec l’appui d’une partie du clergé. Pourtant, la création de la S.U.D.E.N.E. (Super-intendance pour le développement du Nord-Est) a permis quelques progrès et assuré, pendant la période 1960-1978, un taux de croissance de 6,9 p. 100, proche de celui de l’ensemble de l’économie brésilienne qui fut de 7,6 p. 100; des plans de développement ont été lancés (industrie, agro-industrie). Après avoir construit les plus grands barrages réservoirs du monde, le gouvernement a installé des colons sur des périmètres irrigués. Les paysans sans terre, qui n’ont pu être fixés ni par l’agriculture ni par l’industrie, sont incités à se déplacer vers les terres inoccupées de l’Amazonie et du Centre-Ouest.

En dehors de l’agriculture, les ressources sont rares: quelques pierres précieuses et un peu de minerai de fer, de chrome et de manganèse. On a cependant découvert, à la fin des années soixante-dix, des réserves importantes d’uranium dans l’État de Ceará à 200 km à l’ouest de Fortaleza. Dans la région côtière, des usines à sucre et le travail du coton utilisent les produits locaux. Un réseau de pistes, maintenant transformées en routes, rayonne à partir des villes côtières et relie toute la région aux métropoles du sud du pays.

Recife

Recife (ou Pernambouc), la capitale du Nord-Est, est la cinquième ville du Brésil. Fondée en 1630 par les Hollandais, elle resta jusqu’en 1653 la principale ville. Son site primitif se trouvait sur le cordon littoral consolidé, le «récif», où se trouvent encore le port et une partie des grands bâtiments modernes. Les quartiers de la vieille ville ont enserré la lagune en arrière du récif avant de se développer largement vers l’intérieur: les gratte-ciel ont commencé à envahir le centre parmi les vieilles églises et les vieux couvents de la première période portugaise, qui font également le charme de la vieille ville d’Olinda perchée sur une colline voisine. Gonflée par les réfugiés du Nord-Est, Recife s’accroît rapidement: 1 183 000 habitants dans la ville mais 2 495 000 dans l’agglomération. C’est un port de pêche d’où s’élancent les légères «jongades» faites de bois insubmersible; elles servent au pêcheur artisanal tandis que des unités plus importantes sont utilisées pour la pêche industrielle; le cabotage est important vers les autres côtes brésiliennes. Un noyau industriel s’est installé tardivement sous l’impulsion des incitations fiscales de la S.U.D.E.N.E.: quelques usines alimentaires, un peu de textile, un embryon de métallurgie de transformation. Pourtant, l’électricité des barrages du moyen São Francisco ravitaille la ville.

5. Le Centre-Est, un riche sous-sol

L’Est du Brésil comprend les États de Bahia et le nord du Minas Gerais. Il présente trois bandes parallèles à la côte qui a une direction nord-nord-est – sud-sud-ouest.

La zone littorale

La zone littorale qui s’étend de la vallée du São Francisco au rio Doce est rectiligne avec quelques profondes rias; le rivage est dominé par les petites tables plates des tabuleiros et quelques collines plus élevées, cristallines, qui arrivent à la mer dans la région d’Ilhéus. La plus profonde indentation est la grande baie de Tous-les-Saints (baía de Todos os Santos), sur laquelle est construite la ville de Salvador (ou Bahia) et qui est due à un fossé d’effondrement se prolongeant au nord par la zone sédimentaire du Reconcavo, encastré entre deux môles cristallins à l’est et à l’ouest. Le climat y est humide et chaud (température moyenne 22 0C) et les pluies y tombent toute l’année (à Salvador, de 1 500 à 2 000 mm). Cette bande côtière est la zone accessible et vivante: l’économie y est très diversifiée. Le long du littoral, des artisans pêcheurs vivent dans de petits villages blottis au milieu de grandes plantations de cocotiers. Dans le Reconcavo, les cultures sont très diverses selon la nature des affleurements du Crétacé. Quand il est marneux, les grandes plantations de canne à sucre, naguère domaines privés et aujourd’hui propriété le plus souvent de puissantes sociétés, pratiquent une monoculture en cours de modernisation; les sucreries se profilent en plein champ. Sur les affleurements sableux, la forêt persiste; elle est exploitée pour faire du charbon de bois. Dans les zones intermédiaires, les pâturages servent à l’élevage des bovins; quelques bas-fonds marécageux, aménagés et travaillés par des familles souvent d’origine asiatique, produisent des cultures maraîchères. La bordure cristalline est couverte de champs de tabac. Au sud de la région de Bahia s’étend autour d’Ilhéus la zone de monoculture du cacao ; les cacaoyers sont plantés à l’abri d’un sous-bois, grandes plantations de plusieurs centaines de milliers d’arbres; les fèves, récoltées et séchées, sont exportées par le port d’Ilhéus. Peu à peu, on défriche les clairières de la forêt côtière, vers le sud, en vue de planter d’autres cacaoyers. Dans ces régions de plantations de canne à sucre ou de cacaoyers, le manque de cultures vivrières est cruellement ressenti par la population.

La découverte du pétrole dans le Reconcavo de Bahia a changé la physionomie de ce secteur: la production atteignait 30 millions de barils et constituait presque la moitié du pétrole brésilien; une partie était travaillée sur place dans la raffinerie de Mataripe, mais la plus grande partie était expédiée par le port pétrolier de Madre de Deus à destination des raffineries du sud du pays. Le pétrole, créateur de richesses, a favorisé la construction de routes, de cités ouvrières, la constitution de réserves financières et l’implantation d’un grand complexe pétrochimique à Camaçari. Il en sera peut-être de même avec le gaz qui a été découvert en 1981 à Pilar entre Récife et Salvador. La capitale régionale, Salvador, a beaucoup bénéficié de la présence du pétrole. C’est la sixième ville du Brésil. En 1990, elle comptait environ 1 500 000 habitants, soit un doublement depuis 1960. Fondée par les Portugais sur une colline cristalline, horst, où subsiste la ville haute avec ses petites maisons aux tuiles rondes, ses rues étroites, ses églises et ses couvents innombrables, elle s’étend maintenant sur les terres basses récupérées le long de la baie où se trouvent un port actif, le quartier des entrepôts, des banques et du grand commerce; les quartiers résidentiels se sont développés le long des plages. Grâce à l’activité pétrolière et à l’installation d’une vaste zone industrielle, Salvador entre dans l’ère moderne avec quelques industries métallurgiques et chimiques, qui s’ajoutent à un artisanat local pittoresque.

L’intérieur

Vers l’intérieur, on traverse successivement un plateau formé d’une série de surfaces emboîtées, entaillées dans le gneiss, ponctué d’inselbergs, et l’on passe graduellement aux hauteurs de la serra do Espinhaço, large de 50 à 100 km et qui court sur 1 000 km du nord au sud. Elle prend différents noms (chapada Diamantina au nord, dans l’État de Bahia, où elle atteint 1 100 m d’altitude). Cette serra est constituée par de vigoureuses crêtes de quartzite redressées et les vallées s’y entaillent en gorges. Le climat est plus vivifiant que sur la côte, et une saison sèche apparaît en automne et en hiver. La végétation naturelle est une forêt peu dense. C’est le château d’eau de la région. Autrefois, comme son nom l’indique, la chapada Diamantina fut le siège d’une grande exploitation diamantifère très prospère vers la fin du XIXe siècle, mais qui actuellement n’assure plus – et encore à un rythme très réduit – que la production des diamants industriels. Dans les vallées poussent quelques maigres cultures vivrières et localement un peu de tabac et de café. C’est surtout le domaine de l’élevage extensif; celui-ci a permis la floraison de marchés du bétail comme Feira de Santana ou Vitória da Conquista; une véritable transhumance existe entre le Reconcavo et ces montagnes. Vers le sud de l’État de Minas Gerais, les ressources minières deviennent considérables et ont assuré la fortune de la région.

À l’ouest, le profond fossé d’effondrement du São Francisco, allongé du sud-sud-ouest au nord-nord-est, forme la limite entre le centre-est et le centre-ouest du Brésil. Par son climat où les pluies, irrégulières suivant les années, ne dépassent pas 300 à 400 mm, il prolonge le sertão du Nord-Est. Les cultures y sont à peu près absentes sauf dans de toutes petites terrasses irriguées le long du fleuve. C’est aussi le domaine de l’élevage extensif et un foyer d’émigration. On a équipé la vallée pour la production hydroélectrique avec les grands barrages de Três Marias au sud de Sobradinho et de Paulo Afonso au nord.

6. Le Centre-Ouest, l’objectif des nouveaux pionniers

À l’ouest de la vallée du São Francisco, on pénètre dans une vaste région qui couvre 22 p. 100 du territoire brésilien, mais qui est mal connue et peu peuplée. Elle atteint à l’ouest la frontière brésilienne, au nord descend par le glacis septentrional du Mato Grosso jusqu’à l’Amazonie, et se trouve limitée au sud par les vallées des rios Grande, Paraná et Apa, affluents du Paraguay. C’est le «plateau brésilien», formé en réalité de reliefs assez variés, mais où prédominent les grandes surfaces planes plus ou moins étagées, dominées par des reliefs résiduels, entaillées par les grandes vallées et séparées par des escarpements plus ou moins vigoureux. La région la plus régulièrement élevée, formée par de hautes surfaces cristallines, occupe l’ouest, le centre et le sud-est de l’État de Goiás; elle est encadrée de chaque côté par les grands bassins sédimentaires du São Francisco à l’est, du Paraná et des affluents de l’Amazone à l’ouest et au nord-ouest: le socle cristallin a été porté ici à plus de 1 000 m d’altitude. Vers l’est et le nord-est, les couches sédimentaires de couverture s’abaissent en formant des chapadas et des cuestas au front tourné vers l’ouest et vers le sud, comme la fameuse serra Geral de Goiás. Vers l’ouest, symétriquement, les couches sédimentaires plongent vers le bassin du Paraná, donnant des lignes de cuestas multiples avec des fronts externes périphériques de 200 m de puissance. La grande dépression du Paraguay, dominée par un bel escarpement de basalte et de grès, forme une zone déprimée constituée tantôt par une pénéplaine tantôt par une zone de remblaiement, comme le fameux Pantanal dû aux divagations des méandres du Paraguay. Ce relief massif connaît un climat de savane tropical, qui devient plus humide et plus frais vers le sud-est et le sud, plus chaud et plus humide vers le nord; il est caractérisé par deux saisons bien nettes (pluies d’octobre à avril; sècheresse de mai à septembre), des températures moyennes annuelles qui varient de 19 à 26 0C et une grande amplitude diurne au cours de l’hiver sec. Dans l’Ouest, des «périodes froides» apparaissent brusquement lorsque pénètrent les vents froids polaires venus du versant oriental des Andes.

Un semi-désert

La densité de la population est très faible (6 p. 100 de la population brésilienne). L’activité majeure est l’élevage extensif (2 ha par bovin en moyenne) sur les grandes prairies naturelles; il s’est développé dès le XVIIIe siècle, lorsque les bandeirantes commencèrent à pénétrer l’Ouest en poussant devant eux leurs troupeaux.

La colonisation du Centre-Ouest a toujours été embryonnaire et elle est devenue la grande préoccupation du Brésil moderne. Pendant longtemps, la pénétration ne s’est marquée que par quelques postes fortifiés accompagnés de colonies militaires le long des voies fluviales, surtout le Paraná et le Paraguay dès le XVIe siècle. Les éleveurs ont créé quelques fazendas isolées, puis est venue la période minière: la découverte de l’or a provoqué la création de quelques petites villes, telle Vila Boa au nord de Corumbá (1725). Enfin, une voie ferrée a été construite au sud vers Corumbá et la Bolivie. Les essais de colonisation agraire, soit étrangère (allemande en 1924 près de Goiás) soit nationale (150 km au nord-ouest d’Anapolis), n’ont donné que des résultats décevants en raison de l’isolement, de la mauvaise qualité des sols qui s’épuisent très rapidement, du manque d’expérience des colons et de l’absence d’organisation. Pourtant la population, très faible, a augmenté de 80 p. 100 entre 1960 et 1980 et cela surtout sous l’influence de créations urbaines volontaires.

Conquête de l’Ouest

C’est tout d’abord Goiânia, capitale de l’État de Goiás, qui n’était encore en 1933 qu’une simple fazenda, mais dont le nombre des habitants s’élevait, en 1990, à 900 000; implantée dans la région la plus riche de l’État, elle s’est développée suivant un plan géométrique comme une vraie ville de colonisation. C’est aussi et surtout Brasília, la nouvelle capitale fédérale, choisie en fonction de cette volonté de conquête de l’Ouest. Le site est un morceau de plateau latéritique bordé, grâce à un barrage, par un lac en croissant. Le plan a la silhouette d’un avion dont le fuselage est constitué par les grands palais gouvernementaux et administratifs. Reliée par pistes et par routes à toutes les grandes régions brésiliennes, cette capitale de l’an 2000 a gagné – villes satellites comprises – 1 200 000 habitants en vingt ans.

7. Le Sud-Est: le «Brésil utile»

Composé des États de Rio de Janeiro, de São Paulo, du Minas Gerais et de l’Espírito Santo, le Sud-Est s’étend sur un peu plus de 900 000 kilomètres carrés. Sur cet espace relativement restreint, 11 p. 100 du territoire brésilien, une exceptionnelle concentration d’hommes et d’activités fait de la région le cœur du pays. La population est estimée à plus de 65 millions d’habitants en 1990, soit 43,6 p. 100 du total national. Les chiffres d’activités sont encore plus éloquents: le Sud-Est réalise les trois quarts de la production brésilienne des industries de transformation. Cet essor économique a provoqué dans la région un fort courant d’immigration interne. Par ailleurs, avec les deux plus grandes agglomérations urbaines du pays, São Paulo (15,3 millions d’habitants dans l’aire métropolitaine en 1985) et Rio de Janeiro (10,2 millions d’habitants), le Sud-Est possède les pouvoirs de commandement économique du Brésil, bien que la fonction de capitale politique ait été transférée à Brasília en 1960. L’autre grande ville du Sud-Est est aussi la troisième du pays: Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais, compte plus de 3 millions d’habitants.

Plus peuplée que les autres, plus active, plus riche, plus puissante, la région est souvent présentée comme le «Brésil utile». La réalité est plus complexe: ce Sud-Est «développé» comporte aussi beaucoup d’inégalités, tant sociales que spatiales, et sa relative richesse se fonde en partie sur des relations d’inégalité avec les autres régions, lesquelles fonctionnent par rapport à lui comme une périphérie. Enfin, l’accumulation même des activités et des hommes dans ce «centre» engendre des problèmes, en particulier dans l’agglomération pauliste.

Un milieu tropical élevé et accidenté

Région de hautes terres accidentées par des cassures, le Sud-Est s’oppose aux grandes surfaces planes et monotones de l’intérieur. Une première ligne de montagnes longe l’océan, la serra do Mar dont des éperons encadrent le site même de la ville de Rio de Janeiro, et qui se prolonge au-delà sous le nom de serra dos Orgãos. De ce fait, le littoral est fort accidenté: y alternent des côtes rocheuses à pente raide, des baies, des flèches sableuses qui prennent appui sur les «pains de sucre» et qui isolent des lagunes, de petites plaines discontinues. Derrière la serra do Mar et parallèle à elle, le fossé d’effondrement tectonique suivi par le Rio Paraíba do Sul constitue la grande voie de circulation entre Rio de Janeiro et São Paulo. La serra da Mantiqueira lui fait suite. D’une orientation identique, elle possède les altitudes les plus élevées du Sud-Est (et même du Brésil si l’on considère à part les sommets de la frontière avec le Venezuela) avec le pic da Bandeira (2 890 m) et le massif des Agulhas Negras.

La serra do Mar et la serra da Mantiqueira gardent sur leurs sommets des horizons calmes hérités de vieilles surfaces d’aplanissement antérieures au soulèvement de l’ère tertiaire et sont ciselées par l’érosion postérieure à ce soulèvement. Ce relief de massif ancien rajeuni n’est toutefois très accidenté que dans la région proche de l’océan. En direction du nord, la retombée de la serra da Mantiqueira est moins brutale que son versant sud. Elle forme le plateau du Sud-Minas qui correspond à la soudure de deux môles cristallins, à l’est du bassin sédimentaire du rio São Francisco, la serra do Espinhaço, à l’ouest et en direction de Brasília, les terres élevées qui forment plus loin l’Espigão Mestre ou serra Geral du Goiás. Quant à l’État de São Paulo, sa plus grande partie appartient à un bassin sédimentaire dont le Rio Paraná suit la gouttière centrale. Les assises géologiques s’inclinent vers l’ouest; les différences de résistance qui existent entre elles ont été mises en valeur par l’érosion, donnant un ample relief de cuesta, avec souvent une corniche vigoureuse. Des épanchements volcaniques en plateau (des trapps ) y ont donné les excellentes terres violettes.

Les altitudes valent aux «hautes terres atlantiques» une originalité climatique: pluies abondantes, en particulier sur les versants exposés aux alizés humides de l’océan, et modération des températures. Ces caractères sont assez bien circonscrits aux lieux élevés et proches de l’Atlantique. À l’intérieur de la région, outre que les altitudes sont moindres, la position d’abri explique une pluviométrie inférieure. Alors qu’à Santos, le port de São Paulo situé à 240 de latitude, les pluies atteignent 2 331 mm par an (janv. = 319 mm, août = 122 mm), aucun mois n’étant biologiquement sec, Belo Horizonte, à 800 m d’altitude et avec une température moyenne de 20 0C, reçoit par an 1 412 mm de précipitations, distribuées selon l’alternance d’une saison sèche et d’une saison humide. L’extrémité nord du Minas Gerais, le long de la vallée du São Francisco, présente des traits d’une plus grande sécheresse annonciateurs du Brésil semi-aride. Il faut donc distinguer au moins un climat tropical littoral chaud et humide, un climat tropical d’altitude plus frais, un climat tropical classique à saison sèche et saison humide alternées et un climat tropical à nuance plus sèche. Enfin, dans la partie la plus méridionale de ce Sud-Est, l’hiver peut être affecté de véritables coups de froid qui provoquent des gelées.

La végétation naturelle traduit les différences climatiques. Elle comprend des couvertures forestières, soit à feuilles pérennes sur le littoral et les versants d’où est absente la saison sèche, soit à feuilles caduques à l’intérieur dès lors qu’est bien marqué le climat tropical à saisons alternées, et la savane arbustive, le cerrado , dans le Nord-Ouest du Minas Gerais. En outre, des taches de brousse à épineux, la caatinga , correspondent au milieu plus sec du Nord.

Une région économiquement dominante

Offrant un champ favorable à l’agriculture de plantation tropicale, le Sud-Est doit pourtant bien plus à l’histoire qu’à la nature le dynamisme de son développement. La canne à sucre avait été introduite dans les environs de Rio de Janeiro et de São Paulo dès les XVIe et XVIIe siècles. Mais la région devra attendre le cycle de l’or et des diamants pour prendre une importance majeure dans l’espace brésilien. Découvert à la fin du XVIIe siècle et exploité d’une façon soutenue jusqu’en 1780, le métal jaune a valu son nom au Minas Gerais et a entraîné le peuplement du centre de l’État actuel. La découverte du diamant en 1729 a fait l’intérêt de la serra do Espinhaço (la ville de Diamantina le rappelle, comme, au-delà des limites du Minas Gerais, la Chapada Diamantina). Le métal étant expédié par le port de Rio de Janeiro, cette ville a joué un rôle essentiel dans les relations avec la métropole et est devenue capitale de la colonie en 1763.

La prééminence du Sud-Est s’est renforcée ultérieurement, bien que le Minas Gerais ait connu après le cycle de l’or et avant le démarrage de l’industrie moderne une période difficile pendant laquelle sa population s’est dispersée du centre de l’État vers la périphérie et a développé l’agriculture sous l’influence du marché de Rio de Janeiro. La croissance décisive du Sud-Est s’est produite au XIXe siècle grâce au café. Dans la première moitié du siècle, des fazendas où l’on cultivait le café s’étaient installées dans la région de Rio de Janeiro. Or, dans le même temps que la demande internationale augmentait à un rythme rapide, les pratiques culturales imprudentes épuisaient les sols des plantations: on a donc dû ouvrir sur la forêt de nouvelles terres au café. Tandis que de nombreuses caféières occupaient la partie sud du Minas Gerais, un véritable front pionnier a remonté la vallée du Rio Paraíba, atteignant vers 1850 l’État de São Paulo et vers 1870 la cuesta de Botucatu marquant la limite des plateaux du bassin sédimentaire. Le front pionnier a alors progressé d’est en ouest sur les interfluves avant d’obliquer vers le sud et de terminer sa course dans la partie nord de l’État du Paraná (région de Londrina) autour des années 1930.

Un pays neuf est ainsi né, non sans refoulement de la population indienne autochtone, car la marche caféière a attiré des contingents nombreux d’immigrants, tant nationaux qu’européens, en particulier italiens. La population de l’État de São Paulo, qui était inférieure à un million d’habitants en 1872, lors du premier recensement général du Brésil, a atteint 2,3 millions en 1900, 7,2 millions en 1940, 25 millions en 1980; on estime qu’elle aura dépassé 40 millions en l’an 2000.

L’industrialisation de la région a été aussi remarquable que l’essor du café. Le Sud-Est, et surtout São Paulo, doit en effet sa fortune à une capacité de reconversion économique qui a beaucoup manqué aux autres régions brésiliennes. Le problème de la surproduction caféière apparu dès 1905 sans conséquence durable devint d’une extrême gravité dans les années 1930. Le divorce était alors total entre une demande stabilisée (le marché mondial était saturé et la grande crise limitait la consommation dans les pays industriels) et une offre qui continuait à croître (le café est une culture permanente, et de jeunes plantations ouvertes avant le retournement du marché entraient en production). Ce fut l’occasion d’une accélération de l’industrialisation. C’est en effet surtout à São Paulo que s’est réalisé le passage d’une tradition agro-exportatrice à une économie industrielle tournée vers le marché intérieur. Tandis que l’État favorisait l’arrachage et soutenait les prix, bien des grands fazendeiros ont vendu leurs domaines en lots et reconverti leur capital dans l’industrie; beaucoup de leurs anciens ouvriers agricoles ont ainsi pu, grâce au crédit bancaire, accéder à la propriété d’un sitio de quelques dizaines d’hectares où ils ont développé le coton et l’élevage. L’agriculture s’est donc diversifiée et, les structures agraires permettant la diffusion des revenus à la campagne, un marché de consommation solvable s’est formé, condition de l’industrialisation.

São Paulo, centre industriel et métropole tertiaire

Du point de vue géographique, c’est la ville de São Paulo qui a concentré l’essentiel du dynamisme industriel. Dès la fin du XIXe siècle, des industries simples y étaient apparues, industrie alimentaire, industrie textile, industrie du bois. Au cours des années 1930 et 1940, le système industriel a évolué selon le processus de substitution des importations et s’est étendu à la fabrication de machines agricoles, d’outillages, de produits chimiques, cependant que l’État créait la sidérurgie moderne en 1946 à Volta Redonda, entre Rio de Janeiro et São Paulo. Depuis 1950, une troisième phase s’est ouverte, caractérisée par la complexité croissante du parc industriel, avec en particulier la sidérurgie et la pétroléochimie à Santos, la construction automobile à São Bernardo do Campo (banlieue de São Paulo) et la construction électrique et électronique. Cette phase est marquée aussi par le rôle croissant des firmes multinationales (elles contrôlent totalement la branche automobile) et par de nouvelles localisations: dans la baie de Santos, ancien port du café, Cubatão est devenu, à partir de la décennie soixante-dix, un énorme complexe d’industries de base, fortement pollué par la chimie lourde. Un autre fait important est l’essor des industries de pointe. Située sur l’axe autoroutier reliant São Paulo à Rio de Janeiro, la ville de São José dos Campos est la technopole des secteurs aéronautique (firme Embraer) et aérospatial. Mais la haute technologie caractérise aussi Campinas (informatique et télécommunications) et des villes moyennes telles que São Carlos. L’agglomération de São Paulo et ses environs comptent ainsi parmi les grandes concentrations industrielles mondiales.

À cela, São Paulo ajoute des fonctions tertiaires dont sont témoins les gratte-ciel du centre-ville et qui en font la capitale économique du Brésil. À l’échelle régionale, le rôle de la ville dans l’organisation de l’espace est apparu très tôt, au fur et à mesure de l’avance du front pionnier du café. L’outil de la construction régionale a été le chemin de fer dont les différentes lignes partant de São Paulo ont suivi le front de défrichement de façon à assurer l’écoulement de la production agricole. Cela explique le parallélisme des voies de circulation sur les lanières du plateau et de la disposition géométrique du semis urbain, beaucoup de villes devant leur naissance à leur fonction initiale de gare ferroviaire. Aujourd’hui, les routes ont capté une grande partie du trafic, mais la logique du réseau de circulation est restée la même, si bien qu’il est toujours possible pour la ville de São Paulo de commander la vie économique de sa région. Cette fonction s’exerce bien au-delà des frontières de l’État. Depuis longtemps étendu au nord de l’État du Paraná, elle concerne maintenant l’ouest brésilien et en particulier le Mato Grosso do Sul où le dynamisme pauliste se manifeste par l’investissement dans l’agro-industrie. Il ne s’agit plus aujourd’hui de café, surtout après la grave gelée de juillet 1975 qui a détruit de nombreuses plantations, mais de soja, de blé de printemps et d’élevage bovin.

Dans l’État de São Paulo lui-même, outre le soja, deux produits ont pris une importance considérable: la canne à sucre, favorisée par les mesures de soutien à la production d’alcool-carburant, et les oranges, exportées sous forme de jus concentré. L’intérêt nouveau de l’agriculture attire dans le secteur le grand capital alors que, pendant des décennies, celui-ci avait plutôt laissé cette activité à la paysannerie petite et moyenne, encore qu’il ait toujours existé de grandes plantations, pour préférer les industries et les services, jugés de meilleure rentabilité financière. Aussi, comme ailleurs au Brésil, l’arrivée des grandes firmes dans le secteur agricole provoque la prolétarisation croissante des travailleurs de la terre.

Le «vieux Sud-Est»

Cette évolution historique autorise à opposer un «jeune Sud-Est», à savoir l’État de São Paulo et ses bordures, et un «vieux Sud-Est», à savoir les trois autres États de la région, effectivement plus anciens quant à leur peuplement et moins dynamiques quant à leur économie. Néanmoins, dans le vieux Sud-Est, l’agglomération de Rio de Janeiro a connu une industrialisation non négligeable et conserve un rôle important dans le secteur tertiaire. Le tourisme anime le littoral, fort pittoresque, sur lequel a été construite la centrale nucléaire d’Angra dos Reis et au large duquel est extrait du pétrole.

Quant au Minas Gerais, il est devenu dans les années 1980 le premier État du Brésil pour la production du café. Comme son voisin l’Espírito Santo, il présente pour ce produit l’avantage de ne pas risquer le gel. C’est aussi un État industriel important. Les «villes historiques» comme Ouro Prêto et Congonhas do Campo rappellent l’époque de l’or. On exploite maintenant du manganèse, de la bauxite et un peu de cassitérite. L’essentiel est l’extraction du minerai de fer à haute teneur, transporté par voie ferrée au port d’expédition de Vitória-Tubarão (Espírito Santo) ou traité sur place. La sidérurgie est un des points forts de l’économie mineira. Fondé en 1897 pour remplacer Ouro Prêto comme capitale de l’État, Belo Horizonte a grandi très rapidement. Outre son industrie sidérurgique, la ville possède l’industrie du ciment, le raffinage du pétrole, la construction automobile, d’autres industries mécaniques et textiles. Elle est aussi un centre tertiaire important, notamment dans le secteur bancaire.

Le Minas Gerais, malgré sa base industrielle puissante, est un État très hétérogène qui fait figure de carrefour des régions brésiliennes. Autour de la capitale et de ses environs fortement industrialisés, on distingue, en effet, plusieurs types d’espaces. Au Sud-Est, c’est la mata mineira , autrefois forestière, mais largement défrichée aujourd’hui, que les densités humaines élevées, l’activité agricole (élevage laitier et fabrication de fromage, canne à sucre, café), l’industrie (tradition textile de Juiz de Fora), le nombre des villes rattachent bien aux régions les plus actives du pays. Au nord, la vallée du São Francisco, faiblement peuplée, annonce déjà la pauvreté du Nord-Est. À l’ouest, région d’Uberaba et d’Uberlândia, et au nord-ouest, entre Belo Horizonte et Brasília, l’occupation pionnière des plateaux par de grandes compagnies pratiquant l’élevage bovin et la culture annonce ce qui se passe au Goiás et au Mato Grosso.

Au contact des hautes terres atlantiques, des plateaux intérieurs et de la poche de sécheresse du Nord-Est, le Minas Gerais est ainsi également une soudure entre le «Brésil utile», le «Brésil pionnier» et le «Brésil pauvre».

8. Le Sud: le Brésil au-delà du tropique

La région sud du Brésil, soit les États du Paraná, de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul, offre des caractères tout à fait originaux tant par son milieu naturel, et notamment ses conditions climatiques, que par ses modalités de peuplement et de mise en valeur.

Un milieu subtropical

La singularité ne vient pas du relief. Celui-ci prolonge, dans sa moitié nord, le relief de la région du Sud-Est. Mais les hautes terres, encore très étendues dans le Paraná, cèdent progressivement la place à des reliefs moins vigoureux, et l’extrême sud est constitué par des zones basses qui annoncent déjà les plaines du Río de la Plata. L’État du Paraná présente d’abord une plaine littorale très étroite formée de sédiments quaternaires troués par quelques collines cristallines et accidentés par des baies comme celle de Paranagua, puis la serra do Mar, ici discontinue, qui culmine pourtant à 1 962 m d’altitude. Il s’agit toujours du complexe cristallin porté en altitude à l’ère tertiaire par des failles et ciselé depuis par l’érosion, d’où la vigueur du relief et la pente forte du versant atlantique. Dans l’État de Santa Catarina, la serra do Mar est morcelée en une série de blocs en forme de troncs de cône, isolés les uns des autres et atteignant rarement 1 000 m.

À l’ouest de la serra do Mar s’étagent trois plateaux. Le premier, formé surtout de roches cristallines, présente au nord un relief vigoureux de crêtes, mais s’adoucit vers le sud en croupes doucement ondulées. Le deuxième, incliné d’est en ouest, est surtout recouvert de roches sédimentaires. Mais c’est le troisième plateau, largement étendu sur la partie nord du Rio Grande do Sul et dont la terminaison est appelée serra Geral, qui revêt une importance capitale par sa composition basaltique, cette roche ayant dans certains secteurs une épaisseur de plus de 80 m; de plus, son hydrographie présente, elle aussi, un intérêt majeur: des chutes d’eau et des vallées profondes constituent un énorme potentiel d’énergie électrique exploitable. Enfin, le sud du Rio Grande do Sul se caractérise par des terres basses prolongeant une immense bande côtière formée de plages et de cordons littoraux.

Si les différences d’altitude distinguent les stations, c’est ainsi que Curitiba, à 250 de latitude, mais à 950 m d’altitude, n’a que 16,40 de température moyenne annuelle, la région sud dans son ensemble présente une originalité au Brésil qui réside dans le fait qu’elle n’est pas franchement tropicale. Ainsi, à Pôrto Alegre, non seulement l’alternance de la saison sèche et de la saison humide caractéristique du milieu tropical n’existe pas, mais encore, pour une température annuelle moyenne de 19,2 0C, l’amplitude thermique annuelle atteint 11,2 0C (févr. = 24,7, juin = 13,5). Il apparaît donc des saisons thermiques. Dans ce climat dit «chinois», les coups de froid sont toujours possibles en hiver, lorsqu’une coulée polaire puissante est canalisée par l’orientation méridienne des reliefs sud-américains. Un tel friagem , vif et brutal, peut provoquer des chutes de neige sur le plateau du Rio Grande do Sul et des gelées.

L’originalité climatique a ses conséquences dans le domaine végétal. La forêt tropicale existe, en particulier sur les montagnes littorales et, avant défrichement, dans le Nord-Paraná, mais la formation végétale la plus caractéristique est la forêt de pins Araucarias, la plus utile au Brésil pour le bois d’œuvre et pour ce motif surexploitée. Le campo , savane herbeuse, forme des taches dans la forêt à l’état naturel et occupe la moitié sud du Rio Grande do Sul qui, par son paysage comme par son économie, ressemble à l’Uruguay et à la Pampa argentine.

Un peuplement récent

Pendant longtemps, la région sud, très éloignée de la métropole portugaise et impropre, dans sa majeure partie, aux cultures de plantation, a paru d’un intérêt médiocre. Aussi, le Portugal, concentrant son effort sur d’autres régions du Brésil, a-t-il surtout utilisé le Sud pour l’élevage du bétail à destination du Minas Gerais lors du cycle de l’or. Pourtant, rivalisant avec l’Espagne qui voulait contrôler la voie du Río de la Plata, le Portugal a soutenu des poussées de peuplement en direction du sud, soit par le littoral, soit par les plateaux intérieurs. Il a ainsi facilité l’installation d’anciens militaires et de familles açoriennes au XVIIIe siècle afin d’assurer l’occupation de l’espace par des ressortissants nationaux. Cela correspondait donc d’abord à un objectif de défense du territoire. Malgré cela, au début du XIXe siècle, la région demeurait très faiblement peuplée; l’essentiel de son activité était l’élevage bovin extensif sur les campos dans le cadre d’immenses estancias , tandis que les forêts restaient, pour leur quasi-totalité, à l’état naturel.

C’est donc au XIXe siècle que la région a pris, grâce aux vagues d’immigration, les caractères que nous lui connaissons aujourd’hui. Les autorités centrales ou provinciales et des compagnies privées de colonisation ont alors, en effet, organisé l’arrivée de petits paysans capables de défricher les espaces forestiers et de les mettre en culture. Dès 1824 sont arrivés les premiers Allemands à São Leopoldo (Rio Grande do Sul) et à partir de 1870 a commencé la vague italienne, en particulier à Caxias do Sul. Ils seront suivis par des émigrants d’autres pays: Polonais, Ukrainiens, Japonais, Hollandais. Le mouvement demeurera intense jusque dans les années 1920.

Plusieurs traits caractéristiques résultent de ces conditions de peuplement. Tout d’abord, le Sud a une composition raciale beaucoup plus blanche que le reste du Brésil. Ensuite, en matière de structure sociale, la région a été très peu affectée par le système esclavagiste, et c’est bien pourquoi, outre que le climat ne les dépaysait pas trop, les Européens du XIXe siècle ont tenu le Sud pour accueillant alors qu’ils n’auraient guère trouvé leur place dans la société brésilienne marquée par l’économie de plantation traditionnelle et le travail servile. Cela a fait naître dans le Sud brésilien une petite et moyenne paysannerie et explique largement des traits sociaux spécifiques. Mais, inversement, pendant longtemps, les immigrants se sont sentis différents des autres Brésiliens, sinon très peu brésiliens. Cultivant des produits spécifiques, pomme de terre pour les Allemands et vigne pour les Italiens, continuant à parler leur langue d’origine, ils formaient des «kystes nationaux» peu à peu intégrés, notamment par l’école, à la communauté brésilienne.

Bientôt, l’installation des enfants des premiers immigrés et celle des nouveaux arrivants a nécessité des terres neuves. Aux colonies anciennes se sont donc ajoutées les «nouvelles colonies» dans la partie occidentale de la région. Ainsi, à partir des régions du plateau basaltique situées au nord de Pôrto Alegre, un mouvement pionnier s’est produit en direction du nord-ouest de l’État (région du haut Uruguay), puis a obliqué vers le nord, traversant l’ouest de Santa Catarina et du Paraná. C’est là que ce mouvement a rencontré la vague pionnière du café originaire de Rio de Janeiro et qui arrivait là après avoir traversé l’État de São Paulo.

Une agriculture dynamique

Le mouvement pionnier a alors obliqué vers l’ouest, franchissant le Rio Paraná et se concrétisant par des achats de terre dans le Mato Grosso ou même au Paraguay. Le dynamisme de cette paysannerie se voit encore aujourd’hui par les nombreux rio-grandenses (originaires du Rio Grande do Sul) qui, après avoir vendu leurs terres du Sud, achètent de vastes surfaces dans le Brésil de l’Ouest où ils comptent parmi les agriculteurs les plus entreprenants.

Dans le Sud lui-même, l’agriculture a connu des changements depuis l’époque où pouvaient être opposés d’une façon simple l’élevage extensif des campos, la petite agriculture des colonies européennes sur défrichement forestier et la production caféière du Nord-Paraná. Les contrastes sont aujourd’hui moins forts. Dans les régions de campo se répandent des cultures favorisées par la politique agricole du gouvernement: blé de printemps et soja en particulier. Ces nouvelles productions ont constitué une intensification dans les campos. Elles ont aussi, le soja notamment, pris la place de nombreux caféiers dans le Nord-Paraná après la gelée catastrophique de 1975. La granja , grande exploitation produisant des céréales et du soja, est devenue typique du Sud comme l’était l’estancia. La motorisation qui caractérise ces transformations agricoles accélère l’exode rural. Alors que la population régionale avait augmenté plus vite que la moyenne nationale de 1982 à 1990, de telle sorte que sa part dans le total brésilien était passée de 7 à plus de 17 p. 100, c’est le contraire qui se vérifie depuis lors: l’effectif estimé de 22,7 millions d’habitants en 1990 correspond seulement à 15 p. 100 de la population du Brésil, et on prévoit la poursuite de cette tendance à une baisse relative. Le cas du Paraná est particulièrement expressif d’une croissance économique soutenue qui ne se traduit plus comme autrefois par une forte croissance démographique. On peut même dire que le dynamisme du Sud s’exprime davantage désormais par la capacité de ses habitants à émigrer vers les terres vierges du Brésil de l’Ouest.

La région du Sud compte deux grande villes. Curitiba (1,8 million d’habitants en 1985 dans l’aire métropolitaine) est la capitale de l’État du Paraná. Pôrto Alegre (2,6 millions d’habitants), capitale du Rio Grande do Sul, est un port et un centre industriel. Dans d’autres villes de moindre importance, il existe une modeste extraction charbonnière ainsi que des industries textiles et mécaniques. Le secteur secondaire comprend aussi une industrie manufacturière liée au milieu des immigrants européens. L’industrie textile de Blumenau, dans une zone de colonisation allemande de Santa Catarina, en est représentative.

L’intérêt économique de la région se trouve renforcé par la construction du barrage d’Itaipu sur le Rio Paraná, à la frontière entre l’État du Paraná et le Paraguay. Sa production alimente en énergie l’agglomération pauliste. Ce fait souligne que le Sud demeure pour bien des aspects dans la dépendance du Sud-Est. C’est précisément pour fortifier sa personnalité économique régionale que sont aujourd’hui développées les fonctions industrielles de Pôrto Alegre et les fonctions portuaires de Rio Grande.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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